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17 septembre 2013

Eloge du cinéma soviétique

"Le cinéma, bien sûr, est le plus international des arts"


         
Octobre
Face à la domination du cinéma commercial américain, il est bon de contempler le cinéma soviétique. S'il a longtemps été grossièrement résumé à un mélange de cinéma de propagande caricaturale et de films musicaux médiocres, le cinéma soviétique se caractérise en réalité par sa richesse et une originalité déroutante. Les travaux pionniers de Marc Ferro sur le sujet révèlent que le cinéma soviétique loin d'être un instrument de propagande, voire de contestation, s'apparente à un véritable domaine artistique. Cependant l’œil occidental peine à faire la distinction et à tendance à se limiter à une analyse politique. 

           Assurément, certains réalisateurs sont aujourd'hui très connus des cinéphiles. Il s'agit d'abord  de Serguei Eisenstein dont les films Octobre, Ivan le Terrible et Alexandre Nevski furent diffusé dans le monde entier dès leur production. Si le contenu de ses films sert globalement le régime, en particulier stalinien, il n'a pas hésité dans la seconde partie d'Ivan le Terrible à égratigner le tyran géorgien. Cependant le succès international du cinéma d'Eisenstein s'explique avant tout par l'intensité de ses films et par les moyens mis en place pour leurs réalisation. 
Cependant, d'autres réalisateurs comme Lev Koulechov n'ont longtemps qu'un succès national (avec par exemple Dura Lex - étudié par Ferro) - ne devant désormais son succès qu'à l'effet Kulechov



           Tarkovski en revanche a largement été mythifié, dépassant actuellement la notoriété d'Eisenstein. Découvert dans le monde entier pour son film l'Enfance d'Ivan qui raconte le destin d'Ivan orphelin qui sert d'éclaireur dans l'armée soviétique, il confirme son succès avec des films comme Solaris ou Stalker. Son cinéma, fondé sur le huis-clos et le questionnement des réalités humaines et terrestres a largement nourri les conceptions occidentales du cinéma. Dès lors, loin de plagié, le cinéma soviétique a été un modèle. 




Si le cinéma soviétique reste largement pour son cinéma historique que l'on peut encore illustrer par le fameux Requiem pour un massacre de Klimov en 1985 ou avec l'oeuvre si étonnante politiquement du polonais Wajda, il s'est aussi intéressé aux mœurs ou à la science-fiction (avec par exemple Aelita de Protazanov).  


Par conséquent, le cinéma soviétique illustre d'un côté la complexité du régime soviétique qu'on ne saurait réduire à un régime autoritaire replié sur lui même et ne pratiquant qu'un cinéma de propagande. D'un autre côté, le cinéma soviétique démontre qu'Eisenstein avait raison en affirmant que "Le cinéma, bien sûr, est le plus international des arts". En effet, ni la littérature, ni le théâtre n'ont pu en URSS atteindre une telle liberté. 
Il est cependant encore difficile de connaitre l'impact de ce cinéma international en URSS, de savoir si ce cinéma était connu des ouvriers ou si ceux-ci ne devaient se contenter que du cinéma populaire, hélas largement disparu aujourd'hui. 


A lire et à voir 
- Marc FERRO, Autobiographie intellectuelle (on retrouve ses études sur le cinéma soviétique dedans). 
- Klimov, Requiem pour un massacre

"Bien à toi"

Bonus: un court extrait de l'Enfance d'Ivan



PS: je cherche des infos sur le cinéma pornographique ou érotique soviétique, si quelqu'un a des informations ou des références je suis preneur.